samedi 31 octobre 2015

Métallique

J’ai mal aux doigts. Plus précisément au bout des doigts, là où la pulpe est tendre à l’aiguille des diabétiques, quand ils se font leur dextro quotidien.
Le métal s’est enfoncé des heures durant dans ma peau, créant de petits sillons légèrement noircis, au milieu de la corne pourtant formée, depuis le temps.

Si je n’étais pas aussi obstinée, je n’aurais pas cent fois sur le chevalet remis mon ouvrage. (Je ne suis pas peintre, hein, le chevalet est seulement la barrette qui guide les cordes !)
Mais il m’a bien fallu cela pour arriver à massacrer à peu près convenablement Sad Lisa de Cat Stevens.


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vendredi 30 octobre 2015

Le roi

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Quand nous voulions nous déguiser, enfants, il y avait la valise secrète dans le placard au fond du couloir…C’est là que maman entassait de vieux rideaux, des robes élimées, des chapeaux. On n’a jamais acheté un seul déguisement tout prêt. Je ne sais même pas si ça existait. A Nice, nous défilions dans les rues, accoutrés et peinturlurés comme des carnavals, sous le regard débonnaire du Roi de carton pâte qui ne se doutait pas qu’il finirait bientôt en barbecue.

Maintenant les enfants préfèrent l'oncle Sam, et se transformer en petite boutique des horreurs d’Outre-Atlantique…Ô temps pourris ! ô Maurice !


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jeudi 29 octobre 2015

Douleur


J’ai fait un rêve. Une foule serrée, très dense sur une place, qui gesticule et braille. J’ai mal aux oreilles. Suspendu dans l’air sans aucune attache, un grand drapeau en soie blanche, avec une inscription en vert flotte au-dessus de la foule.

Je veux lire l’inscription, je vois un mot, sans parvenir à le lire. L’immense drapeau, soudain, descend, il va nous recouvrir, nous étouffer … mais pas du tout. Il m’enveloppe et me soulève. C’est comme un nuage, doux et blanc. La foule s’est tue. Il n’y a plus de foule. Il n’y a que moi qui flotte, béate et sans douleur au dessus du monde.
-Célestine, tu devrais arrêter les champignons...
-Oui, je sais...


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mercredi 28 octobre 2015

Rondeurs

Je dis toujours que je suis beaucoup trop ronde dans ce monde carré. Je crois que j’ai pris cette phrase dans un film avec la fille de Josiane Balasko, bourrée de talent et pleine de charmantes rondeurs, comme sa mère.
Pour moi je ne parlerai pas vraiment de rondeurs, mais plutôt de courbes. Ne vous gaussez pas de mes courbes ! (Oui, normalement ce jeu de mots foireux est censé faire rire, mais je vois bien à vos mines déconfites que vous n’avez pas compris…Si ? ah, tant mieux alors !)

L’essentiel est que, depuis que je me suis mise à l’aimer, malgré tous ses défauts, je n’échangerais mon corps pour rien au monde.


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Un moment de vacances

Un moment de vacance, plutôt…la vacance, dans le sens faire le vide…
Un moment rien que pour moi, au hammam, pour tout oublier, déconnecter, me faire masser, m’occuper de mon corps…
Ça c’était bien. On était nues et sans complexes, sous des regards bienveillants et sans jugement aucun. Ce que ça fait du bien !
La masseuse avait les mains douces.

Le thé au jasmin était à volonté. Les femmes riaient et se racontaient leurs petits malheurs en se passant des onguents. J’aurais pu leur raconter mon souci du jour mais j’ai préféré me taire. Leurs beaux yeux noirs auraient pleuré.


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lundi 26 octobre 2015

La première fois que...

Aujourd’hui c’était la première fois que je déplaçais l’horloge, cadeau empoisonné de l’arrière-grand-tante Albertine. Je ne l’ai jamais aimée cette horloge... Cette fausse comtoise, qui rend un son de casserole enrouée au lieu de tinter joliment, j’avais envie de la mettre à la poubelle, …euh à un autre endroit de la pièce, juste histoire de faire tourner un peu les meubles.
Vous faites ça, parfois ? Tout changer de place,  pour avoir l’impression d’un nouvel intérieur ?…Bref, elle est très bien, là, cette antiquité. Et même pas peur que le fantôme d’Albertine vienne me chatouiller les pieds !



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